Le rocher du Diamant ou encore un joyau de l'audace Anglaise !

Premier acte.

 Début décembre 1803 un canot de pêche butine au pied du Diamant.

Deux esclaves en haillons s'y affairent sous de grands chapeaux dépenaillés. Visages et bras passés au noir le premier lieutenant James Maurice et le maître d'équipage John Taylor s'activent sur des carnets de croquis. Demi-couché au fond du bateau l'un d'eux brandit une longue-vue et revient à ses notes.

La ligne de pêche fictive est une sonde aux mesures soigneusement consignées. À la nuit tombante les espions s'éloignent ralliant le HMS Centaur, 74 canons sous les ordres du commandant Samuel Hood.

 Tout a débuté par inadvertance, simple boutade du commodore Hood à son premier lieutenant James Maurice: transformé en bastion le rocher du Diamant gênerait les Français et serait imprenable. Maurice, 28 ans s'est aussitôt déclaré volontaire pour l'aventure. L'affaire mérite réflexion. Depuis vingt ans les Antilles font l'objet de rivalités liées aux conflits de la Révolution et du Consulat. En 1802, la Martinique et ses dépendances sont revenues dans le giron de la France après huit ans d'occupation Anglaise, mais Sainte-Lucie vient d'être reprise par les Anglais et le blocus de la Martinique mobilise deux à trois navires en permanence. Juchée sur le Diamant, roche volcanique de 176 m de haut, une garnison harcèlerait les Français à leur porte et libérerait les vaisseaux pour d'autres missions. 

 James Maurice livre ses observations: le seul point de débarquement se situe sur la face nord nord-ouest du Diamant ou une corniche s'élève de quelques pieds au-dessus du niveau de la mer, brise-lames naturel prolongé par un haut-fond rocheux. Il a repéré à la longue-vue des voies possibles vers le sommet ainsi que des grottes susceptibles d'accueillir des pièces d'artillerie. Samuel Hood emporte l'adhésion de sa hiérarchie: « Le rocher occupe une situation qui bloquera totalement la côte avec la plus parfaite sécurité. C'est un bastion naval parfait, trente fusillés pourraient y soutenir un siège contre 10 000 hommes. » 

Le 7 janvier 1804 à 5 h 30 du matin le HMS Centaur largue le lieutenant Maurice et un premier groupe d'assaut dans une chaloupe sur une mer agitée. Au point de débarquement dominé par un tombant vertigineux, les vagues brisent contre les écueils. Calculant une accalmie, les rameurs approchent arrière le premier. Maurice s'élance, suivi de deux matelots armés de grattoirs emmanchés débarrassant aussitôt les rochers de leurs algues visqueuses. Puis, à intervalle régulier, des hommes sont largués deux par deux, une haussière amarrée sur une grosse racine lancée aux nouveaux arrivants pour faciliter leur débarquement. En une heure, le premier groupe est à terre, les marins escaladant un glacis pour gagner un replat en surplomb. Une seconde chaloupe approche et débarque les charpentiers chargés de construire un débarcadère provisoire. Avant-midi, une nouvelle rotation livre un chargement de planches et de madriers. Laissant ses hommes travailler, Maurice et le maître d'équipage Richard Dean tentent l'ascension du Diamant.  Ne pouvant beaucoup gagner en hauteur faute de matériel d'escalade les deux hommes examinent une grotte à l'opposé du point de débarquement, caverne immense, sèche, antre de centaines d'oiseaux de mer et de chauve-souris, où l'on pourrait abriter toute la garnison et ses réserves. En fin d'après-midi les hommes ont achevé le débarcadère : le rocher est pris.  (à suivre mercredi prochain)


Source: Voiles et Voiliers Numéro 522 d'août 2014

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Commentaires: 3
  • #1

    J-C (mardi, 14 octobre 2014 14:35)

    Bon faites des commentaires, ça aide pour mon référencement!!!
    sérieux!!!

  • #2

    J Luc (mercredi, 15 octobre 2014 11:03)

    Pwoblem pour laisser un commentaire; si on va directement sur le blog on n'a que le dernier article et ça ne propose pas de laisser un commentaire...
    Faut aller dans plan du site et ouvrir un article en bas.
    Du boulot en vue pour le web master!

  • #3

    mamie (dimanche, 02 novembre 2014 13:25)

    C'est grâce au courage des hommes du passé qu'aujourd'hui nous pouvons profiter de naviguer sur les mers du globes.